PSAUME, 5 1-7


Prière matinale du juste aux prises avec ses ennemis


1 Pour la fin, pour celle qui obtient l’héritage, psaume de David.
2 Seigneur, prêtez l’oreille à mes paroles, * comprenez mon cri.
3 Soyez attentif à la voix de ma prière, * mon Roi et mon Dieu.
4 Car c’est Vous que je prierai, * Seigneur ; dès le matin Vous exaucerez ma voix.
5 Dès le matin je me tiendrai devant Vous, et je verrai * que Vous n’êtes pas un Dieu qui aime l’iniquité.
6 Le méchant n’habitera pas auprès de Vous, * et les injustes ne subsisteront point devant Vos yeux.
7 Vous haïssez tous ceux qui commettent l’iniquité ; * Vous perdrez tous ceux qui profèrent le mensonge. Le Seigneur aura en abomination l’homme sanguinaire et trompeur ;


Méditation du psaume 5,1-7. Par saint Charles de Foucauld.


Ps 5,1-7. - Mon Dieu que Vous êtes bon de nous apprendre à prier! Si souvent nous ne savons comment le faire! Si souvent nous avons besoin de dire comme les apôtres « Seigneur apprenez-nous à prier !»... Vous nous donnez dans vos psaumes, mon Dieu, tant d'exemples de prières ! Ce sont vos propres paroles, les gémissements inénarrables de l'Esprit Saint dans l'âme de David, des prières divines. Avec le Pater et vos prières rapportées par les Saints Évangiles ce sont les leçons de prière que vous nous donnez ! Que Vous êtes bon de nous les donner, de remédier à notre faiblesse, à notre sécheresse ! Et de nous les donner en telle abondance, et en les désignant Vous-même pour tel état d'âme ou tel moment du jour ! Quelle consolation, quel bien pour nous de pouvoir Vous prier avec vos propres paroles, d'une façon si parfaite, et parfaitement appropriées à notre état !

Ce psaume est le Psaume du matin. L’Église romaine le récite aux Laudes du lundi1. Les sept premiers versets se divisent d'une manière simple et remarquable : les trois premiers sont simplement des invocations : « Seigneur, je Vous prie, je Vous prie, je Vous prie, écoutez-moi, écoutez-moi. » Le quatrième indique l'heure pour laquelle est composé ce psaume. « Le matin je me tiendrai devant Vous, mon Dieu. » Les trois derniers sont une très forte exhortation à ne point commettre le mal : « Le matin je me tiendrai devant Vous, Seigneur, et que verrai-je ? Je verrai que Vous haïssez le péché ; que le méchant n'habitera pas auprès de Vous; que les injustes ne seront pas soufferts devant vos yeux ; Vous haïssez tous ceux qui font le mal, Vous maudissez les menteurs ; Vous avez horreur des sanguinaires et des perfides. » C'est donc ainsi que l'Esprit Saint veut que nous nous mettions dès le réveil en présence de Dieu : adorons-Le, supplions-Le de nous écouter, de nous faire prier Lui-même, de faire en nous notre prière pour qu'elle soit acceptable : que Jésus continue en nous sa Vie, qu'Il vive en nous et que nous ne vivions pas, que son règne arrive en nos

1 Selon l'ancienne répartition des psaumes.


âmes, qu'Il fasse nos pensées, nos paroles, nos actions, qu'Il prie en nous son Père : ... et puis, avec Lui, nous regarderons ce Père. Et que verrons-nous ? « Un Dieu qui hait le mal, qui a horreur du péché». Nous considérerons cette horreur du péché qui est le propre de la Sainteté divine : Père saint, disait Jésus ; Père saint, Père juste, ce sont les deux seuls noms que Jésus donne à son Père dans l'Évangile... Ce sera cette sainteté, cette abomination du péché qui se présentera la première à nos yeux quand le matin, nous nous tiendrons avec Jésus devant Dieu et que nous Le regarderons... Faisons ceci soigneusement et dans l'oraison qui suit notre réveil, après avoir adoré Dieu, contemplons-Le et « que voyons-nous? » Un Dieu qui a horreur de l'iniquité... Que ceci ait sa place dans notre oraison du matin, puisque le Saint-Esprit Lui-même nous indique cette grande et salutaire vérité et en même temps cette éblouissante beauté - la sainteté de Dieu, si redoutable aux vivants, si terrible aux pécheurs, si douce aux justes, pour commencer la journée et illuminer toutes nos pensées et nos actions jusqu'au soir... jusqu'au soir du jour et jusqu'au soir de la vie.

NOTES PERSONNELLES





PSAUME 5, 8-fin.


8 Mais moi, grâce à l’abondance de Votre miséricorde, J’entrerai dans Votre maison ; * j’adorerai dans Votre saint temple, pénétré de Votre crainte.
9 Seigneur, conduisez-moi dans Votre justice ; * à cause de mes ennemis, rendez droite ma voie en Votre présence.
10 Car la vérité n’est point dans leur bouche ; * leur coeur est vain.
11 Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se sont servis de leurs langues pour tromper : * jugez-les, ô
Dieu ! Qu’ils échouent dans leurs desseins ; repoussez-les selon la multitude de leurs impiétés, * parce qu’ils Vous ont irrité, Seigneur.
12 Mais que tous ceux qui espèrent en Vous se réjouissent ; * ils seront éternellement dans l’allégresse, et Vous habiterez en eux. Et tous ceux qui aiment Votre Nom se glorifieront en Vous, *
13 parce que Vous bénirez le juste. Seigneur, Vous nous avez entourés de Votre amour * comme d’un bouclier.
Méditation du psaume 5, 8-fin, par saint Charles de Foucauld.
Comme ils sont encore consolants ces versets, mon Dieu, et que Vous êtes bon de les avoir inspirés à votre prophète pour notre consolation ! ... Vous avez voulu que ce psaume commençât par des images sévères : « Je me tiendrai devant Vous dès le matin, et que verrai-je ? - Un Dieu haïssant l’iniquité. » Avant tout, Vous nous inspirez la haine du mal, la crainte du péché, la crainte de vos jugements, la crainte de Vous offenser... Mais Vous ne voulez pas nous laisser sur cette seule impression... Après l'avoir en premier lieu profondément gravée dans nos coeurs, comme la première, la plus nécessaire, la plus salutaire, Vous nous faites faire un acte d'adoration et de confiance: « Je suis environné de la multitude de vos miséricordes. J'entrerai dans votre maison. Je Vous adore dans votre saint temple... » Et aussitôt après, Vous nous faites faire un acte de détestation du mal, de ce mal que nous venons de voir que Vous haïssez, et comme un acte de renoncement à Satan et à ses oeuvres. Enfin, dans les trois derniers versets, c'est l'expression tendre et filiale de la confiance en Dieu... C'est sur elle que Vous voulez que nous terminions notre prière du matin : « Tous ceux qui espèrent en Vous se réjouiront : ils seront éternellement bienheureux, et Vous habiterez en eux. Tous ceux qui Vous aiment seront glorifiés en Vous, car Vous bénissez le juste, Seigneur. Vous avez étendu sur nos têtes votre amour comme un bouclier. » Y a-t-il rien de plus doux, rien de plus consolant ? Dieu même, semble-t-il, n'aurait pu trouver un mot plus tendre que celui qu'Il a choisi pour terminer cette prière, et qu'avec sa bonté ineffable Il nous ordonne de lui dire : Vous avez étendu sur nos têtes votre amour comme un bouclier.
Faisons passer ces actes dans nos oraisons, dans nos prières commençons toujours par nous dire : je me tiendrai devant le Seigneur et que verrai-je ? - Un Dieu haïssant l'iniquité... et alors




demandons-Lui pardon de nos fautes grandes et moindres, et supplions-Le de n'en plus commettre aucune, pas même la moindre imperfection, puisque toute imperfection Lui déplaît, est une infidélité, un manque de ferveur, un manque d'amour, une tristesse pour son Coeur... Ensuite doit venir l'acte d'adoration : je Vous adorerai dans votre saint temple... C'est l'ordre que suit le prêtre à la messe... Et après l'acte d'adoration qui durera ce qu'Il plaira à Dieu de le faire durer, finissons par un acte de détestation du mal et de renoncement à tout ce qui n'est pas voulu de Dieu - et enfin jetons-nous sur le Coeur de Dieu: remercions-Le de son amour, disons-Lui que nous croyons, que tout pauvres que nous sommes nous voulons, nous espérons éviter toute imperfection, Le glorifier le plus possible, parce qu'Il a étendu son Amour sur nos têtes comme un bouclier - parce que nous pouvons tout en Celui qui nous fortifie. Finissons notre prière en nous rappelant sa bonté, son Coeur, ses miséricordes : c'est un acte de reconnaissance, de confiance en son Amour nécessaire, nécessaire parce qu'il est juste de le rendre à Dieu, nécessaire parce qu'Il nous donnera des forces pour combattre les tentations de la journée. - D'ailleurs puisque Dieu nous le fait faire dans ce psaume nous devons penser par-là même qu'Il est très bon de le faire.



PSAUME 7, 1-8

Lamentation et appel à Dieu contre les calomnies.
1 Psaume de David, qu’il chanta au Seigneur à cause des paroles de Chus1, fils de Jémini.
2 Seigneur mon Dieu, j’ai espéré en Vous ; sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent, et délivrez-moi ;
3 De peur qu’il ne ravisse mon âme comme un lion, s’il n’y a personne pour me délivrer et me sauver.
4 Seigneur mon Dieu, si j’ai fait cela, s’il y a de l’iniquité dans mes mains,
5 Si j’ai rendu le mal à ceux qui m’en avaient fait, que je succombe, justement et dénué de tout, devant mes ennemis.
6 Que l’ennemi poursuive mon âme et s’en rende maître ; qu’il foule à terre ma vie, et qu’il traîne ma gloire dans la poussière.
7 Levez-Vous, Seigneur, dans Votre colère, et soyez exalté au milieu de mes ennemis. Levez-Vous, Seigneur mon Dieu, suivant le précepte que Vous avez établi ;
8 Et l’assemblée des peuples Vous environnera. À cause d’elle remontez en haut.

Méditation du psaume 7, 1-8. Par saint Charles de Foucauld.

Ps 7,1-8. - Que Vous êtes bon, mon Dieu, de nous apprendre et qu'il faut Vous prier contre les tentations du démon, et comment il faut Vous prier contre elles... Comme ce double enseignement nous est nécessaire! ... Comme il nous est nécessaire de penser sans cesse dans la tentation à Vous appeler à notre secours ! C'est la tactique du diable de nous rendre comme muets à ce moment-là; par la tentation, non seulement il nous tente, mais il nous distrait, nous absorbe, tâche de nous empêcher de penser à Vous, parce qu'il sait que Vous êtes notre force, qu'avec Vous nous pouvons tout et rien sans Vous ; aussi Vous nous prévenez contre ce danger en nous présentant ce psaume... Que Vous êtes bon de le faire, et quelle utile leçon! ... Et quelle bonté de nous donner le modèle, l'exemple, la formule de ce que nous avons à vous dire dans la tentation, la manière de vous appeler au secours ! ... Nous sommes si secs, si froids, si impuissants ! Au moment de la tentation surtout nous sommes si paralysés. Mais Vous nous rendez tout facile: nous n'avons qu'à ouvrir notre livre et à lire ce psaume ; ce sont les termes dont l'Esprit Saint Lui-même nous dit de nous servir pour vous invoquer contre le mauvais esprit. Quel bienfait ! Que nous sommes heureux! Que Vous êtes bon !
Prions, prions sans relâche dès le début de toute tentation et tant qu'elle dure ... et dans cette prière servons-nous très habituellement des psaumes que l'Esprit Saint nous offre dans ce but, de celui-ci, de quelques autres ; Notre Seigneur nous en donne en quelque sorte l'exemple ; dans les tentations du désert, c'est par des paroles de la sainte Écriture qu'il chasse le démon ... Sur la croix il se sert encore des paroles d'un psaume ... Nous ne pouvons mieux dire qu'en répétant les paroles de l'Esprit Saint ; servons-nous-en donc quand l'occasion pour laquelle elles ont été dictées se présente ; de ce psaume par exemple, dans la tentation ; non pas en le récitant vite, par manière d'acquit ; oh, non, mais en le disant lentement, en en pesant les mots et en nous en appliquant le sens, en nous l'appropriant ; disons les paroles inspirées comme nous dirions celles d'une oraison mentale.

1 Ou Kush, qui est le messager qui a annoncé à David la mort de son fils Absalon.



PSAUME 7, 9-fin.

9 Le Seigneur juge les peuples. Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice, et selon l’innocence qui est en moi.
10 La malice des pécheurs prendra fin, et Vous conduirez le juste, Ô Dieu, qui sondez les coeurs et les reins.
11 Mon légitime secours me viendra du Seigneur, qui sauve ceux qui ont le coeur droit.
12 Dieu est un juge équitable, fort et patient ; est-ce qu’Il s’irrite tous les jours ?
13 Si vous ne vous convertissez, Il brandira son glaive ; Il a déjà tendu son arc, et le tient tout prêt.
14 Et Il y a préparé des instruments de mort ; Il a rendu ses flèches brûlantes.
15 Voici que l’ennemi a mis au monde l’injustice ; il a conçu la douleur, et a enfanté l’iniquité.
16 Il a ouvert une fosse, et l’a creusée ; et il est tombé dans cette fosse qu’il avait faite.
17 La douleur qu’il a causée reviendra sur sa tête, et son iniquité retombera sur son front.
18 Je rendrai gloire au Seigneur selon sa justice, et je chanterai le Nom du Seigneur très haut.
6 Pour Moi, j’ai été établi Roi par Lui sur Sion, sa montagne sainte, afin d’annoncer son décret.
7 Le Seigneur m’a dit : Tu es mon Fils ; Je T’ai engendré aujourd’hui.
8 Demande-Moi et je Te donnerai les nations pour ton héritage, et pour ton domaine les extrémités de la terre.
Méditation du psaume 7, 9-fin, par saint Charles de Foucauld.
Que vous êtes bon, mon Dieu ! Cette prière que vous voulez que je vous adresse pour être secouru de Vous dans la tentation, Vous voulez que je la fasse avec une telle confiance d'être exaucé que la seconde moitié tout entière est employée à exprimer cette confiance, et que les derniers mots en sont comme un cri de triomphe: « je louerai le Seigneur de sa justice, je chanterai le nom du Dieu très-haut ! » … Mon Dieu, que Vous êtes bon de nous ordonner cette confiance dans votre secours, cette confiance dans l'exaucement de la prière que nous Vous adressons quand nous sommes tentés !
Prions, prions sans relâche dans la tentation jusqu'à ce qu'elle cesse, puisque Dieu nous déclare si nettement ici que, quand nous l'invoquerons contre le démon, il nous exaucera toujours. « La méchanceté du père du péché sera consumée et vous dirigerez celui qui cherche la justice ... Le Seigneur me donnera son secours ... Dieu est un Dieu juste, fort et patient ... Si vous ne vous enfuyez pas, démons, Il fera briller son glaive : Il tend son arc contre vous... ses flèches sont prêtes. Le démon a conçu l'injustice : il enfantera la douleur. Il a creusé une fosse pour m'y jeter ; il y tombera lui-même. La douleur qu'il a voulue me donner retombera sur lui ; et son iniquité retombera sur sa tête. - Pour moi, je louerai le Seigneur de sa justice, et je
chanterai le nom du Très haut! » ... Cette confiance c'est d'ailleurs celle que Notre Seigneur nous a dit si souvent d'avoir dans nos prières: « Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous le recevrez et cela vous sera donné » (Mc 11, 24). « Si vous me demandez quelque chose en mon Nom je le ferai » (Jn 14, 14). Demandez et vous recevrez... Si vous qui êtes mauvais donnez de bonnes choses à vos fils, combien plus votre Père céleste donnera-t-il des biens à ceux qui le prient ? » Notre Seigneur nous affirme encore qu'Il donnera toujours le bon esprit à ceux qui le demandent; et cette promesse est répétée par l'Esprit Saint dans une des Épîtres ... Prions donc dans la tentation puisque la prière est si puissante, si certainement efficace et victorieuse, et prions avec une confiance absolue que nous serons vainqueurs du démon si nous persévérons dans la prière... Et la tentation passée, remercions Dieu comme nous y invite le dernier mot de ce psaume ... N'oublions jamais le remerciement, la reconnaissance, après la grâce obtenue. Oh! que l'action de grâce doit tenir une grande part dans nos oraisons ; nous recevons tant et tant à tout instant !





Méditations du Psaume 8

Puissance du nom divin.
1 Pour la fin, pour les pressoirs, psaume de David.
2 Seigneur, notre Maître, que Votre Nom est admirable dans toute la terre?! Car Votre magnificence est élevée au-dessus des cieux.
3 De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle Vous avez tiré une louange parfaite contre Vos adversaires, pour détruire l’ennemi, et celui qui veut se venger.
4 Quand je considère Vos cieux, qui sont l’ouvrage de Vos doigts, la lune et les étoiles que Vous avez créées,

Méditations du Psaume 8, 1-4. Par saint Charles de Foucauld.

Que vous êtes bon, mon Dieu, de mettre à notre disposition des prières divines, sortant de votre propre Esprit, infiniment parfaites, vous étant parfaitement agréables, pour tous les états de notre vie et tous les sentiments de nos âmes !... Nous sommes si secs, si froids, si dans les ténèbres ; nous sommes si muets devant vous ! Quel bonheur d'avoir toujours le moyen de vous parler, et de vous bien parler, de vous parler parfaitement, de vous parler d'une manière qui vous plait certainement !
Disons donc très souvent à Dieu des psaumes ! ... Chaque fois que nous sommes tièdes, secs, muets devant lui, que nous ne savons que lui dire (et, hélas, que cela arrive souvent !) ouvrons notre Psautier et lisons lentement, disons-lui en pensant tous les mots, comme s'ils venaient de notre propre fond, un ou des psaumes appropriés à l'état de notre âme. - Ici c'est le Psaume d'admiration, de louange, de reconnaissance, le psaume qu'on récite en adorant Dieu à la vue d'un ciel étoilé et en revenant de cette contemplation à celle des bienfaits dont ce Dieu si grand a daigné combler sa frêle créature : mon Dieu qui êtes-vous et qui suis-je ? C'était l'oraison de sainte Thérèse, l'exclamation de sainte Colette. C'est en deux mots cette double histoire qui doit faire si souvent, si habituellement le sujet de nos oraisons : l'histoire des bienfaits de Dieu à notre âme et celle de nos ingratitudes ... « Seigneur, notre Dieu, que votre nom est admirable dans toute la terre ! ... Que votre magnificence est élevée au-dessus des cieux ! ... Les enfants, les petits enfants à la mamelle vous donneront une louange parfaite ... Je contemple vos cieux, œuvre de vos mains : la lune et les étoiles que vous avez suspendues ... » - Admirons les beautés de la nature, toutes belles et bonnes puisqu'elles sont l'œuvre de Dieu, et qu'elles nous conduisent aussitôt à admirer et à louer leur auteur : si la nature, si l'homme, si la vertu, si l'âme sont si beaux, quelle est la beauté de Celui dont ces beautés empruntées ne sont qu'un si pâle reflet ! ... Mais ne nous arrêtons pas à ces beautés créées, elles sont indignes de nous : passons tout de suite à la Beauté éternelle !
 
Méditations du Psaume 8, 5-fin.


5 je m’écrie?: Qu’est-ce que l’homme, pour que Vous Vous souveniez de lui?? ou le fils de l’homme, pour que Vous le visitiez??
6 Vous ne l’avez mis qu’un peu au-dessous des Anges?; Vous l’avez couronné de gloire et d’honneur,
7 et Vous l’avez établi sur les ouvrages de Vos mains.
8 Vous avez mis toutes choses sous ses pieds, toutes les brebis, et tous les bœufs, et même les animaux des champs,
9 les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer, qui parcourent les sentiers de l’océan.
10 Seigneur, notre Maître, que Votre Nom est admirable dans toute la terre?!


Méditations du Psaume 8, 5-fin. Par saint Charles de Foucauld.

Que vous êtes bon, mon Dieu ! Voici bien le moment de vous le dire puisque la fin de ce psaume n'est qu'un chant de reconnaissance : misericordias domini in aeternum cantabo[1]...
Qu'il est doux de chanter sur cet air ! Que cela nous va bien ! Que c'est bien le sujet qui nous convient ! Quel est le moment de notre vie où nous n'avons pas à dire merci ? Quel est celui où votre grâce nous abandonne, où votre cœur cesse de nous aimer, où votre corps divin cesse d'être pour nous dans le tabernacle, où vos anges cessent de veiller sur nous, où vos bonnes inspirations nous manquent, où votre providence ne soutient pas nos âmes et nos corps ? ... Et qui sommes-nous pour recevoir tant de grâces ? C'est cette double histoire de vos bienfaits et de nos misères que laisse entrevoir ce psaume. « Qu'est-ce que l'homme pour que Vous Vous souveniez de lui ? Qu'est-ce que le fils de l'homme pour que vous le visitiez ? Vous l'avez mis un peu au-dessous des anges, Vous l’avez couronné de gloire et d'honneur, Vous l'avez établi sur vos œuvres : Vous lui avez tout livré, les moutons et les bœufs et les animaux de la campagne, les oiseaux du ciel et les poissons qui parcourent les sentiers de la mer. Seigneur notre Dieu que votre nom est admirable par toute la terre !»
Aimons à répéter ce psaume qui exprime si bien des sentiments qui doivent remplir sans cesse nos cœurs ... et dans l'oraison exprimons à Dieu ces sentiments : disons-lui souvent, disons-lui chaque jour : Quis est homo ? Qu'est l'homme pour que Vous Vous souveniez de lui, pour que vous le visitiez ... pour que vous le regardiez - « innotuisti eum » comme dit un autre Psaume[2] ? Que vous êtes grand, beau, saint ! Adstabo tibi mane et videbo[3]...
Et Vous si saint, si grand comment Vous souvenez-vous de moi si petit, si laid, si pécheur ! Et non seulement Vous Vous souvenez de moi, mais Vous me visitez, Vous Vous faites connaître à moi, et de quelle manière ! -Vous et moi ! Qu'êtes-vous et qui suis-je ? Quelle est votre grandeur, quelle est ma petitesse ? Quels sont vos bienfaits, quelle est mon ingratitude ? - Et après cette double histoire, entonnons le chant de la reconnaissance et de la louange.
 
[1] Je chanterai dans l'éternité les miséricordes du Seigneur (Ps 89 [88], 2)
[2] Tu l'as remarqué (Ps 144 [143], 3).
[3] Je me tiendrai devant toi le matin et je verrai (Ps 5,4)


Méditations du Psaume 9 1-21.

Dieu abat les impies et sauve les humbles.
1 Pour la fin, pour les secrets du fils, psaume de David.
2 Je Vous louerai, Seigneur, de tout mon cœur?; je raconterai toutes Vos merveilles.
3 En Vous je me réjouirai, et me livrerai à l’allégresse?; je chanterai Votre Nom, ô Très-Haut?;
4 parce que Vous avez fait retourner mon ennemi en arrière. Ils vont être épuisés, et ils périront devant Votre face.
5 Car Vous m’avez rendu justice, et Vous avez soutenu ma cause?; Vous Vous êtes assis sur Votre trône, Vous qui jugez selon le droit.
6 Vous avez châtié les nations, et l’impie a péri?; Vous avez effacé leur Nom à jamais, et pour les siècles des siècles.
7 Les glaives de l’ennemi ont perdu leur force pour toujours, et Vous avez détruit leurs villes. Leur mémoire a péri avec fracas?;
8 mais le Seigneur demeure éternellement. Il a préparé Son trône pour le jugement?;
9 et Il jugera Lui-même l’univers avec équité?; Il jugera les peuples avec justice.
10 Le Seigneur est devenu le refuge du pauvre, et Son secours au temps du besoin et de l’affliction.
11 Qu’ils espèrent en Vous, ceux qui connaissent Votre Nom?; car Vous n’avez pas abandonné ceux qui Vous cherchent, Seigneur.
12 Chantez au Seigneur qui habite dans Sion?: annoncez parmi les nations Ses desseins?;
13 car Celui qui recherche le sang versé S’est souvenu de Ses serviteurs?; Il n’a pas oublié le cri des pauvres.
14 Ayez pitié de moi, Seigneur?; voyez l’humiliation où mes ennemis m’ont réduit,
15 Vous qui me retirez des portes de la mort, pour que j’annonce toutes Vos louanges aux portes de la fille de Sion.
16 Je serai transporté de joie à cause du salut que Vous m’aurez procuré. Les nations se sont enfoncées dans la fosse qu’elles avaient faite. Leur pied a été pris dans le piège qu’elles avaient caché.
17 On reconnaîtra le Seigneur qui rend justice?; le pécheur a été pris dans les œuvres de ses mains.
18 Que les pécheurs soient précipités dans l’enfer, et toutes les nations qui oublient Dieu.
19 Car le pauvre ne sera pas en oubli pour toujours?; la patience des pauvres ne périra pas à jamais.
20 Levez-Vous, Seigneur?; que l’homme ne triomphe pas?; que les nations soient jugées devant Votre face.
21 Seigneur, imposez-leur un maître, afin que les peuples sachent qu’ils sont hommes.
 
Méditations du psaume 9, 1-21. Par saint Charles de Foucauld.
 
Voici une longue prière pour demander votre aide contre les tentations ! Que Vous êtes bon de nous donner plusieurs modèles de prières pour les circonstances les plus fréquemment reproduites ; et que celle-ci revient souvent ! Vous permettez que nous soyons tentés, et cela pour notre plus grand bien, pour nous exercer aux vertus contre lesquelles on nous tente, et nous les faire pratiquer plus parfaitement. Mais Vous ne nous exposez pas désarmés au tentateur : dans l'Évangile Vous nous dites sans cesse : veillez et priez ; et ici Vous nous répétez : « Priez, priez » en nous donnant tant de formules de prières à réciter quand on est tenté. Merci, mon Dieu !
Disons, quand nous sommes tentés, les psaumes que le bon Dieu nous donne pour l'appeler au secours : récitons-les bien lentement, en y réfléchissant, en les allongeant des mouvements que le bon Dieu nous inspirera, en en faisant comme un sujet d'oraison mentale ... Et puis, quand nous faisons oraison, inspirons-nous des sentiments qui y sont exprimés, des sentiments que l'Esprit Saint lui-même nous propose ... et inspirons-nous aussi de la forme même des psaumes ... imitons cette sainte liberté, cette aisance avec laquelle l'Esprit Saint nous enseigne, tout en priant pour un motif déterminé, à ne pas négliger les bonnes pensées que le bon Dieu nous suggère, quoiqu'elles n'aient pas trait directement à l'objet de notre prière : ainsi, si dans une prière pour demander aide contre la tentation, Dieu nous suggère des pensées de reconnaissance, d'amour, de désir, d'admiration, de pénitence, ne les repoussons pas parce qu'elles n'ont pas trait à notre sujet : recevons-les, offrons-les à Dieu, laissons ces grains d'encens brûler devant lui et donner tout leur parfum, et quand nous verrons qu'ils cessent de brûler reprenons notre sujet ... laissons-nous porter par la grâce, recevons toute bonne pensée comme un don de Dieu, laissons-nous diriger par l'Esprit Saint et ne prenons les rênes de notre prière que quand l'Esprit Saint nous les remet entre les mains ... Ce psaume nous donne l'exemple de cette manière de prier, qui est la méthode à suivre toujours dans l'oraison : il est fait pour demander à Dieu secours contre les tentations, mais il contient bien d'autres choses : « Je vous louerai, Seigneur, de tout mon cœur : je raconterai toutes vos merveilles. Je me réjouirai et je jubilerai en Vous, je chanterai en votre Nom, ô Dieu très haut ! Chantez au Seigneur qui habite à Sion ! Annoncez à tous les peuples les recherches de son amour ! »
NOTES PERSONNELLES
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Méditations du psaume 9, 22-fin.


22 Pourquoi, Seigneur, Vous êtes-Vous retiré au loin, et dédaignez-Vous de me regarder au temps du besoin et de l’affliction??
23 Tandis que l’impie s’enorgueillit, le pauvre est consumé. Ils sont pris dans les desseins qu’ils méditent.
24 Car le pécheur se glorifie des désirs de son âme, et le méchant est félicité.
25 Le pécheur a irrité le Seigneur?; à cause de la grandeur de sa colère, il ne se soucie de rien.
26 Dieu n’est point devant ses yeux?; ses voies sont souillées en tout temps. Vos jugements sont ôtés de devant sa face?; il dominera sur tous ses ennemis.
27 Car il a dit en son cœur?: Je ne serai point ébranlé de génération en génération, je suis à l’abri du mal.
28 Sa bouche est pleine de malédiction, d’amertume et de tromperie?;  sous sa langue sont la peine et la douleur.
29 Il est assis en embuscade avec les riches dans des lieux cachés, afin de tuer l’innocent. Ses yeux guettent le pauvre?;
30 il dresse des embûches en secret, comme un lion dans son repaire. Il se tient en embuscade pour enlever le pauvre, pour enlever le pauvre en l’attirant.
31 Il le terrassera dans son filet?; il se baissera, et il tombera lorsqu’il se sera rendu maître des pauvres.
32 Car il a dit en son cœur?: Dieu a oublié?; Il a détourné Son visage, pour ne jamais voir.
33 Levez-Vous, Seigneur Dieu?; que Votre main s’élève?: n’oubliez pas les pauvres.
34 Pourquoi l’impie a-t-il irrité Dieu?? C’est qu’il a dit en son cœur?: Il ne S’en souciera pas.
35 Vous le voyez?; car Vous considérez la peine et la douleur, pour les livrer entre Vos mains. C’est à Vous qu’a été laissé le soin du pauvre?; Vous serez le protecteur de l’orphelin.
36 Brisez le bras du pécheur et du méchant?; on cherchera son péché, et on ne le trouvera pas.
37 Le Seigneur régnera éternellement et dans les siècles des siècles?; et vous, nations, vous disparaîtrez de Sa terre.
38 Le Seigneur a exaucé le désir des pauvres?; Votre oreille a entendu la prière de leur cœur,
39 pour rendre justice à l’orphelin et à l’opprimé, afin que l’homme n’entreprenne plus de s’élever sur la terre.

 
Méditations du psaume 9, 22-fin. Par saint Charles de Foucauld.
 
La fin comme le commencement de ce psaume est faite pour demander votre secours contre la tentation : l'homme, l'âme tentée y est désigné sous le nom du « pauvre » ... C'est bien ce que nous sommes en effet ... Par nous-mêmes combien ne sommes-nous pas pauvres ! Nous sommes le néant ... Et malgré les dons de Dieu déjà faits, que nous sommes pauvres s'il ne nous en ajoute sans cesse de nouveaux, d'heure en heure, de moment en moment. À quel instant ne sommes-nous pas pauvres de grâce et n'avons-nous pas besoin de lui en mendier ? Merci, mon Dieu, de me rappeler ma pauvreté, ce qui est si salutaire, et de m'inviter en même temps à m'adresser à Vous dans tous mes besoins : quelle consolation pour un pauvre de s'entendre dire : « tu es pauvre, mais adresse-toi à moi chaque fois que tu auras quelque besoin ; je te donnerai toujours tout ce qu'il te faudra ! » ... C'est ce que vous me dites, mon Dieu ! Que Vous êtes bon ! Quel heureux pauvre je suis ! Non seulement il faut dire, réciter ce psaume ou d'autres analogues dans la tentation, non seulement il faut en faire et un canevas, un sujet, et un modèle d'oraison, mais encore il faut en remarquer, en retenir, en noter au besoin les versets qui parlent le plus à mon cœur, qui renferment quelque vérité plus utile, quelque élan plus chaud, quelque pensée plus consolante: il faut bien me graver dans la mémoire ces paroles saillantes entre toutes celles que Dieu a prononcées, afin qu'elles nous reviennent dans le besoin comme elles revenaient à Jésus : il s'en servait à toute heure, soit pour chasser les tentations[1], soit pour se plaindre à son Père, soit pour les mêler à ses enseignements : elles nous serviront de même à nourrir nos prières, à réprimer les tentations, à nous diriger dans la vie, pour nous guider dans la recherche de la vérité, dans le choix des actes, dans la conduite à tenir : elles nous serviront aussi à nous consoler dans la tribulation, à nous fortifier, à nous encourager ... Ici, par exemple, retenons ces mots: «Le pauvre s'abandonne entre vos mains : je suis un orphelin, Vous êtes mon aide!»... « Le Seigneur a exaucé le désir du pauvre : votre oreille a entendu le cri de leur cœur !» ... « jugez, Seigneur, la cause du petit et de l'orphelin, et que nulle chair ne se glorifie plus devant Vous sur la terre ! »
NOTES PERSONNELLES
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
[1] Notamment au désert.

 
Afficher la suite de cette page

Abbé Pierre DEMENOIS 
03 83 21 52 50

MAIL

Réunion visio