Méditations du Psaume 13 (12) Pour la fin, pour l’octave, psaume de David.
Charles de Foucauld utilise à partir d’ici l’ancienne numérotation des psaumes dans la version en grec et de la
Vulgate.
Depuis la refonte de Solesmes, les psaumes ont été renumérotés à partir du psaume.
Dans la
Bible de Jérusalem la numérotation change. Le Psaume 10 s’écrit ou devient psaume 11 (10), puis psaume 12 (11), puis
psaume 13 (12) et ainsi de suite.
Explication : les psaumes 9 et 10 ne formaient à l’origine qu’un seul poème (ainsi dans la version en grec et dans la Vulgate en latin).
PSAUME 13 (12), 1-3
1 Pour la fin, psaume de David. Jusques à quand, Seigneur, m’oublierez-Vous sans cesse?? Jusques à quand détournerez-Vous de moi Votre face??
2 Jusques à quand remplirai-je mon âme de projets, et mon cœur chaque jour de chagrin??
3 Jusques à quand mon ennemi sera-t-il élevé au-dessus de moi??
Méditation du psaume 13 (12), 1-3 Par saint Charles de Foucauld. [1] Ps 12,1-3. - - « Jusqu'à quand, Seigneur, m'oublierez-Vous ? Jusqu'à quand détournerez-Vous de moi votre visage ? Jusqu'à quand m'agiterai-je, roulant dessein sur dessein dans mon âme, et songeant toute la journée à ma douleur ? Jusqu'à quand mon ennemi triomphera-t-il de moi ? Jetez un regard sur moi, et exaucez-moi, Seigneur mon Dieu! » Merci, mon Dieu, de mettre Vous-même dans ma bouche ces paroles qui conviennent si bien à mon âme, qui expriment si exactement son état habituel ... Si les autres psaumes, on peut les dire souvent, il semble que celui-ci peut se dire toujours, tant il peint bien mon état habituel, ma misère, ma faiblesse, mon impuissance, cet état d'oppression sous le poids du mal qui m'attriste et me fait soupirer continuellement ... Ce psaume est le psaume de la tristesse confiante, c'est le soupir de l'âme vers Dieu, le soupir de l'âme qui se sait aimée du Père céleste mais qui cependant sent le poids de l'exil et gémit dans cette vallée de larmes ... Merci, mon Dieu, de m'avoir donné ces paroles qui répondent si bien à l'état habituel de mon âme.
Oui, c'est une de mes misères, une de mes faiblesses de rouler desseins sur desseins dans mon âme, et de repasser ma douleur dans mon cœur ... Ce sont deux défauts dont il faut que je me corrige ... Ce n'est pas en prenant résolutions sur résolutions que je deviendrai meilleur : c'est en suivant fidèlement celles que j'ai prises une fois pour toutes et que je sais agréables à Dieu : non pas qu'on ne puisse changer parfois certaines choses : mais il ne faut pas ce changement continuel : il ne faut pas, dès qu'on voit qu'on est infidèle, chercher le remède dans un changement de méthode, dans de nouvelles résolutions, il faut s'humilier et continuer la lutte pour suivre mieux à l'avenir ce qu'on a résolu ... Il faut mettre un grand soin à bien prendre nos résolutions, les soumettre quand nous pouvons à notre directeur, et ensuite les conserver fidèlement, sans les changer tant que les conditions où nous sommes ne changent pas et que la volonté de Dieu ne se manifeste pas clairement dans un autre sens ... Sans cette fidélité, nous perdrons notre temps à rouler desseins sur desseins dans notre esprit, comme dit le psaume, nous userons notre temps, notre bonne volonté, notre peine, notre vie dans mille chimères et dans un trouble perpétuel sans servir Dieu, sans avancer dans la vertu ... Profitons bien de cette parole du psaume ; ne roulons pas dessein sur dessein mais soyons fidèles à suivre, malgré les tentations, les difficultés, les découragements, les obstacles, ceux que nous avons faits et qui ont l'approbation de Dieu. Et ne songeons pas toute la journée à notre douleur : cela nous paralyse, nous affaiblit; songeons à nos fautes pour les regretter amèrement et nous en humilier, mais pas au moment même où nous venons de les commettre : à ce moment regrettons, demandons pardon, relevons-nous avec paix, humilité, courage, sans trop nous appesantir sur notre faute pour ne pas nous laisser aller au trouble, et montrant notre regret de l'avoir commise moins par les actes de douleur que nous formons, que par les actes de bon propos, la résolution de ne plus y retomber et l'extrême vigilance à ne plus la commettre ... Une douleur excessive et inquiète provient souvent de l'amour de soi ; c'est donc fort imparfait ; l'amour de Dieu souffre de voir la divinité offensée, mais ensuite elle se souvient que Dieu est Dieu; qu'il est infiniment heureux, et reprenant la joie et la paix dans cette pensée, sur ce fondement solide, il ne pense plus qu'aux moyens d'éviter qu'Il soit offensé à l'avenir et de procurer désormais sa gloire: il pourra revenir plus tard sur cette offense pour la regretter encore et s'affermir dans l'humilité, la vigilance, la reconnaissance, les bons propos, mais il y reviendra dans l'oraison pendant tel temps qu'il jugera utile, sans trouble, en pleine possession de soi ... Ce ne sera pas cette douleur inquiète qui agite l'âme tout le jour, cette douleur troublante qui fait rouler desseins sur desseins. Cette douleur inquiète et désordonnée provient de l'amour de soi et de l'orgueil qui ne prend pas son parti d'avoir failli ; le regret calme, humble, qui souffre, mais qui se raffermit dans la pensée de la perfection et du bonheur de Dieu et qui mettant là toute sa joie ne s'étonne ni ne s'afflige de voir sa propre abjection, ce regret-là vient de l'amour de Dieu.
NOTES PERSONNELLES
PSAUME 13 (12), 4-fin
4 Regardez, et exaucez-moi, Seigneur mon Dieu. Éclairez mes yeux, afin que je ne m’endorme jamais dans la mort?;
5 de peur que mon ennemi me dise?: J’ai eu l’avantage contre lui. Ceux qui me persécutent seront dans l’allégresse si je suis ébranlé?;
6 mais j’ai espéré en Votre miséricorde. Mon cœur sera transporté de joie à cause de Votre salut. Je chanterai le Seigneur qui m’a comblé de biens, et je célébrerai le Nom du Seigneur Très-Haut.
Méditation du psaume 13 (12), 4 à fin. Par saint Charles de Foucauld. Ps 12, 4-fin. - « Éclairez mes yeux pour que je ne m'endorme pas dans la mort et que mon ennemi ne dise pas : je l'ai emporté sur lui. Ceux qui me tourmentent se réjouiront si je tombe: mais moi j'espère dans votre miséricorde. Mon cœur tressaille de joie dans le salut que vous me donnez ; je chanterai le Seigneur qui m'a comblé de biens, je chanterai le Nom du Dieu très haut » ... Voilà encore des paroles bien consolantes, mon Dieu ... Vous connaissez notre faiblesse, vous savez de quelle boue nous sommes formés, et combien la confiance, la foi, le courage nous sont difficiles, combien facilement nous nous laissons aller au découragement ... Aussi dans tous vos saints Livres nous criez-Vous « courage » ... Dans les saints Évangiles, Vous répétez sans cesse « Ayez confiance », « Pourquoi craignez-vous gens de peu de foi », « Priez et vous obtiendrez tout, croyez seulement »... et nous voyons combien vos psaumes sont pleins de paroles d'espérance, de confiance ... Celui-ci finit par les plus douces paroles et en nous le présentant pour demander votre aide, Vous voulez que les derniers mots soient des paroles d'espérance et même de jubilation et de triomphe... Quel consolateur Vous êtes, mon Dieu, que Vous êtes bon !
Faisons dans la tentation, dans l'épreuve, la difficulté, les trois choses que nous indiquent ces derniers versets du psaume :
- Demander l'aide de Dieu, crier « au secours ».
- Espérer fermement que Dieu nous secourra, nous protégera, nous donnera la victoire.
- Remercions Dieu du secours donné, des grâces reçues, remercions-le avec effusion.
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NOTES PERSONNELLES
[1] Charles de Foucauld utilise à partir d'ici l'ancienne numérotation des psaumes de la
Vulgate.